A l’assaut des poissons, 27.03—30.04.2012

Scène de poissons par Héliane LECLERCQ

Dans la culture chinoise, les poissons sont synonymes d’abondance et de richesse. (cf panneau chinois de deux poissons rouges, sur fond travaillé à la feuille d’or de Luo ZHI QIANG) Les poissons en Chine symbolisent également l’harmonie, le bonheur conjugal et la reproduction. La légende leur assimile en outre à un moyen de communication. Les gens plaçaient, paraît-il, des messages dans leurs ventres pour avoir des nouvelles d’un proche ou d’un ami à distance, un peu comme nos pigeons voyageurs.
Et puis, il y a le symbole puissant de la force et de la persévérance qui s’attache à la carpe ou koi. Ses échelles et ses moustaches ressemblant fort à celles du dragon : c’est ainsi que la carpe est aussi le signe du pouvoir en Chine.
Dans la religion bouddhiste, le poisson est de bon augure sur les traces de Bouddha. Dans cette acception, il signifie la liberté de toutes contraintes.
Qu’ils soient vivants, en bocal en rivière, ou en mer, ou bien qu’ils soient morts, les poissons ont inspiré de nombreux artistes, qu’il s’agisse de Matisse, Picasso ou Roy Lichtenstein.
Héliane Leclercq, NICODI, et Carmen IBANEZ LAHOZ nous promènent dans les fonds marins réalistes ou surréalistes tandis que Jacques LEONARD et Jean PREVOST nous enchantent par leurs natures mortes aux couleurs à la fois vives et harmonieuses si caractéristiques de leurs styles respectifs.
Deux huiles sur papier d’André MARGAT ainsi qu’une étude de brochets attirent notre attention sur le talent particulier de ce peintre animalier. De même que cinq aquarelles de Marcel BOURGEOIS nous sourient au passage comme au temps de nos bons vieux cours de sciences nat’s. Raymond GANGLOFF nous offre quant à lui deux truites en terre cuite polychrome plus vraies que nature, évoluant dans l’écriture mouvante et brillante des sculptures de terre revêtues de platine de Raja GRAAL.
Les charmants monotypes de Christelle BERTRAND, peintre et graveur, nous prennent par leurs jolis camaïeux de bleu gris légèrement rehaussés de matériaux divers. L’art numérique de Fanny BOTON, coloré et joyeux se remarque également.
Corinne LE PONNER nous donne à partager tant ses linogravures, ses gravures gaufrées (encrées ou non) que ses dessins à l’acrylique sur papier noir, qui vont des poissons rouges aux poissons chinois. Rien qu’à les regarder, nous frétillons joyeusement.
La visite continue dans la bonne humeur avec les œuvres de Jean DESVILLES, à la joie de vivre contagieuse, avec son œuvre « le rire du poisson » dans laquelle nos repères intérieurs et extérieurs semblent confondus. Et pourquoi ne pas déférer à l’invitation à la méditation, tout en « douceur », « délice » et « vibration » du « Bord de mer fruité » ?
Jean-Pierre ALAUX, peintre de la marine, remonte au monde gréco-romain avec le portrait majestueux et barbu de Neptune/Poséidon, un monde onirique où se mêlent crustacés et pieuvre. Nous sommes transportés avec humour au temps de la « pieuvre par neuf » ou de la « faim justifie les moyens » ou de « arêtes et sirènes », par ce sculpteur de bord de mer (cf vitrine 2è pièce). Et nous avons aussi envie de caresser le portrait de Gisèle, sur fond de décor de poissons, qui semble absorbée par la contemplation d’une boussole. Le peintre nous invite enfin à méditer sur le « hasard et la nécessité » de Jacques MONOD et son poisson prend un aspect quasi-humain face à une femme nue à ses pieds, enchaînée à un soleil gris mystérieux du fond des mers sans doute. L’homme en effet, ne procèderait-il pas du poisson ? Jean-Pierre ALAUX en voit qui sortent des crânes et des cerveaux en ébullition. Mais après tout, peut-être n’est-ce qu’un fantasme ! Et la sirène de Juliette CHOUKROUN continue à nous charmer de son beau bronze turquoise bleu.
Nous prenons notre envol avec le dessin maquette d’avion en forme de poisson de Noël MARTINETTI, peintre d’origine corse, maître de l’art monumental, créateur de tapisseries et décorateur.
Gloria FERESTER s’amuse avec les bijoux et nous initie au photogramme, simple prise d’empreinte sans l’intermédiaire d’un appareil photographique, obtenue en chambre noire. Cette écriture avec la lumière donne des pièces uniques et ces mises en scène de bijoux nous ravissent les yeux par leur grâce, leur précision et leur originalité.
Et voici que se termine notre petit tour, d’un « assaut des poissons » varié et dont les œuvres présentées n’ont d’autres prétentions que d’être tout à la fois méditatives et festives.

Béatrice BELLAT