La danse en action, 03.11—31.12.2011

Si DEGAS, MATISSE, RENOIR, CARRIER-BELLEUSE, TOULOUSE-LAUTREC et biens d’autres  se sont passionnés pour le thèmede la danse, c’est qu’ils y ont trouvé une inspiration merveilleusement vivante, fascinés par la liberté des mouvements au travers de différentes époques où les relations d’intimité impliquées par certaines positions faisaient figures d’avant-garde, véhiculant parfois un parfum de scandale.

Jean TOTH, peintre de la danse, d’origine hongroise, ne dessine pas d’une façon académique. Pourtant, en 1972, l’Opéra Garnier achète un lot de  228 aquarelles et dessins de cet artiste, sur ce thème. Ces œuvres ont servi à décorer un service d’assiettes en porcelaine de LE TALLEC créé en 1950. Le talent de Jean TOTH est qualifié de « justesse de trait fixant la ligne du corps en mouvement, une poésie d’interprétation, … » par les critiques d’art (extrait de Sur la pointe des pieds de Françoise REISS) Grâce à un collectionneur privé qui a accepté de mettre en dépôt 12 scènes de flamenco aquarellées, merveilleusement vivantes, la galerie Béatrice BELLAT est en mesure de présenter aujourd’hui  un ensemble de 27 œuvres (dont 23 sont à vendre) de cet artiste. Cet ensemble, allant du dessin aquarellé à l’art du fusain et de l’estompe, se révèle d’une qualité exceptionnelle.

La barre au sol est une étape obligée pour atteindre les sommets. Le danseur y puise l’énergie nécessaire pour transcender son art et transmettre au public son élévation physique qui n’est que la traduction de son élévation mentale. DOMIMO nous le rappelle dans sa série de croquis « Echauffements ». Par sa sculpture en résine, Marcel GUIGOU nous fait constater aussi l’abnégation du danseur durant ces exercices et le corrélatif d’humilité nécessaire à cet art.

Les danseurs noirs de Marceline ROBERT, artiste graphiste à tendance abstraction lyrique, reflètent par leur souplesse et leur puissance musculaire, une sensation de noblesse et de légèreté, un aspect quasi  irréel, bien loin de la médiocrité quotidienne. Les corps flottant sur fond rouge nous invitent à la décompression, le tout dans une atmosphère de liberté absolue de l’expression du mouvement, pourtant profondément maîtrisé.

Puis, nous nous évadons avec Léonor FINI, le temps d’un paso doble en gravure.

André Masson déclarait : « Un décor seul ne donne rien s’il n’est pas animé par le rythme ……. Car c’est le danseur qui anime le décor, ce n’est pas le décor qui anime le danseur ! » Mais que serait le danseur sans le décor ? Jean DESVILLES, artiste peintre à tendance surréaliste, tout en suivant les cours de l’académie André LHOTE, effectue des études approfondies sur les décors de ballets, à la bibliothèque de l’Opéra de Paris. C’est ainsi qu’il réalise plusieurs décors  pour Maurice BEJART, Jeanine CHARRAT, le Marquis de CUEVAS ou encore Jean-Louis BARRAULT. Il nous fait partager son univers imaginaire qui ne peut que stimuler les danseurs et les chorégraphes pour donner le meilleur d’eux-mêmes au public. Cet artiste complet vient en écho de Salvador DALI stimuler notre méditation intérieure par son « envol du matin ».

Après nous avoir fait partager les lumières du quartier de la rue Cardinal Lemoine, lors de l’exposition « Paris sur Murs », Jacqueline REGNIER se fait accessoiriste des danseurs en proposant un de ses éventails peints qui furent jadis exposés au Musée Galliera.

Et nous continuons notre périple à travers ce voyage universel, puisque la danse en est l’essence même, avec « Car Naval noumène en bas d’haut » de Christian MANGIN, artiste onirique international, au style teinté à la fois de naïveté et de symbolisme. La richesse de ses couleurs et sa haute technique graphique nous transportent dans un monde féerique er dynamique, tandis que le couple de son œuvre « Transparence » nous rappelle qu’un œil est toujours là pour regarder évoluer les danseurs, et pas seulement celui du public.

Après une halte en sanguine à la danse contemporaine et à la troupe de Maguy MARIN, Marc PARMENTIER, nous ramène à « l’Etoile verte », aquarelle d’un élan spontané.

Nous poursuivons avec une scène de danse de Niankoye LAMA avec lequel ce spécialiste des marchés africains, réaffirme, par ce lavis sépia, son identité culturelle.

La danse peut être aussi un sujet de publicité comme pour André MARGAT, principalement pourtant peintre animalier.

Une fois de plus, la variété des styles et leur enchevêtrement sur le même sujet prouve l’importance de ce thème de la danse, source d’inspiration inépuisable. Le corps n’en finit pas de bouger et sa soif d’expression est peut-être la révélation tant de la richesse et du dynamisme d’une société que de l’affirmation et de la recherche de son identité.

Béatrice Bellat