Le coq & ses poules, 26.05—31.07.2011

L’oiseau de France querelleur de toutes les couleurs annonce le panache de la programmation artistique de Béatrice Bellat.A travers un parcours initiatique construit autour du coq, l’exposition créée une liaison symbolique avec la basse-cour.Depuis « La porte du poulailler » de Corinne Le Ponner jusqu’aux « volailleurs » d’Henry Espinouze, l’oiseau fier et séducteur accompagné de plusieurs poules se laisse admirer.

Les œuvres ont d’abord été choisies pour le motif décoratif. Le magnifique « Coq d’or » de Claude Bleynie (signé Rey en verlan) au vocabulaire graphique, rayonne de tons jaunes et or sous une touche de gouache presque cubiste. L’artiste sacralise ici l’animal domestique en une créature dont la forme tend vers l’entité chimérique. L’imposant « Régal des oiseaux » du même artiste réalisé à la gouache sur carton de tapisserie est prêt à passer entre les mains du tapissier ; petit clin d’œil aux origines creusoises de la galeriste.

Plus réalistes mais tout aussi imprégnés d’un chant coloré expressif, les coqs rouges et noirs en acrylique incrustés d’une feuille d’or de Marceline Robert sont guidés par un trait d’une logique organique de déploiement. Les aplats s’entremêlent les uns dans les autres pour former le corps des coqs en mouvement. Plus revendicatif, « le combat de coqs » n’est pas épargné avec Edouard Pignon qui fait couler le sang de l’animal vers l’éclaboussure, aux frontières de l’abstraction.

D’autres sont mis en volume comme la sculpture de Yves Lohe « Le coq au chant » pour finir sur l’étal du boucher et dans les assiettes avec cette « Etude pour un plat au Vallauris » au bleu génois éclatant de Marcel Burtin.

Les variations frappantes de couleurs placent cette première exposition collective dans une dimension physique et immédiate, entre le figuratif et le narratif. Le réel suffit. Chaque coq est en réalité unique en même temps qu’il insuffle son aura légendaire et  historique… Comme une retranscription fidèle, hétérogène et consciencieusement reliée de l’oiseau populaire.

Les crêtes et les plumes parlent d’elles mêmes et laissent entendre le chant du coq annonçant un levé du jour prometteur pour cette nouvelle galerie.

 

Caroline Canault.