D’un pont à l’autre du 13 avril au 30 juin 2018

Les PONTS ont toujours inspiré les artistes (cinéastes, poètes, chanteurs, romanciers, artistes peintres ou graphistes). Ils sont un « fleuron » de notre patrimoine historique. En effet, les ponts ont vu le jour dès que la vie économique s’est développée et qu’il a fallu renforcer nos moyens de communication. Ils attirent à la fois par leur esthétisme et leur utilité. Certains ont été abandonnés car jugés trop fragiles et risqués, eu égard aux usages modernes envisagés. D’où une nostalgie des ponts parfois génératrice d’un tourisme romantique ou culturel autour des vieilles pierres.  Les ponts sont des passages utilisés pour dompter la nature et se plier aux exigences de l’Homme. Ils peuvent être aussi un outil stratégique ou un lieu de mémoire vénérée …. Des ouvrages symboliques y sont érigés, renforçant ainsi l’intérêt qui peut leur être porté.

Compte-tenu de la richesse de ces ouvrages architecturaux au fil du temps et des époques, il a paru intéressant à la galerie de vous présenter les compositions de différents artistes graphistes et peintres autour ce thème.

Jean PREVOST, artiste expressionniste et fauve, puise son inspiration dans la représentation à la fois les ponts parisiens et de leurs environs que dans celle des ponts ardéchois, hollandais, ou encore creusois. Jean, un des rares peintres de plein air à l’époque actuelle,  nous offre une formidable fête des couleurs à travers un parcours varié, aux lumières chantantes. L’artiste nous invite sans façons dans son univers irisé plein de cette joie de vivre naturelle et sans prétention, de celle qui nous fait  tant défaut aujourd’hui, et pourtant nous est  si précieuse.

DRAG voit le Pont aérien du métro, comme la scène d’un polar Montmartrois. Jeanne Birkin, l’air angoissé, ajoute au tableau une chute de reins impressionnante, tandis que  Serge GAINSBOURG, amateur de sa nudité sensuelle, la prend en photo. Dans le même temps,  le lapin taggeur du métro oppose sa bombe à l’arme de poing  du lapin policier.  Jean RICHARD, alias le commissaire MAIGRET, mène l’enquête. Une composition personnelle, plaidoyer de la vie d’artiste et de ses risques, en hommage au cinéma, l’une des passions de DRAG. Par ce diptyque, ce dernier démontre enfin, la nécessité d’une construction rigoureuse pour réussir une œuvre dans la droite ligne de la « figuration narrative » de ERRO.

Valérie BUONO sait nous convaincre une fois de plus de la part de hasard dans la réalisation de ses œuvres : les journaux utilisés méthodiquement laissent malgré tout transparaître quelques touches d’humour à découvrir dans la représentation du Pont Alexandre III et de ses motifs sculpturaux, comme pour faire place au non-dit, à une énigme que le visiteur est  invité à découvrir. Une promenade pour la curiosité de l’œil acéré.

Les reflets de l’eau qui passe sous le pont de Lydia SAMMARTIN sont les scintillements que l’on retrouve dans les branches des arbres. Une œuvre en forme d’ode à la nature avec un effet miroir tout en lumière.

Le Pont d’Amour de Donna FLANDRIN est comme un arc-en-ciel surplombant l’Amour. Deux êtres s’affrontent, sur un pont parallèle, pour ne pas tomber dans les eaux grises du désespoir de l’Amour repoussé, après avoir connu les eaux lumineuses de l’Espoir. Une œuvre dont les tons pastels font ressortir la pâleur des corps aux âmes romantiques.

« Il ponte Rotto » (le Pont brisé), est le plus vieux pont en pierre de Rome (241 av JC). Il reliait le Forum Boarium au Trastevere et à la Via Aurelia.  Par cette représentation quelque peu académique, Vera DI BIANCA affirme son identité romaine et nous conforte dans l’idée que les « vieux ponts » font partie du patrimoine historique et touristique d’une nation. André MARGAT (1903 – 1997), pourtant peintre animalier et laquiste, nous emmène au carnaval de Venise sous un pont dans une ambiance de fête et de couleurs ensoleillées, et SCHEMS nous offre un pont de pastel algérien.

Véronique VERON nous livre l’enchevêtrement d’un dessin à l’encre de chine d’un « Vert Galant », magistralement interprété à la plume, tandis que Jacques SIMONIN, par un travail documentaire fouillé, insiste avec précision et force détails, par la même technique, sur  la représentation des ponts anciens de Paris, du temps où  les pêcheurs des berges de la Seine faisaient encore partie du paysage.

Et nous restons à Paris avec une toile de LAURAN (1922 – 2009) dans les tons pastels de la pure tradition du mouvement du « sanzisme » (école de Lyon vers 1948). Une série de petits dessins délicieusement crayonnés de l’époque où il n’y avait pas de « bouchons » à Paris et où les voitures pouvaient aisément circuler aux abords du Grand Palais, nous ramènent sur le Pont Alexandre III.

Pour Cyril REGUERRE, l’idée du pont est à rattacher à celle du pont aérien qui relie le continent aux îles. Les œuvres exposées représentent deux avions survolant Madagascar et l’Amérique du Sud. Elles sont exécutées sur papier ancien, à l’encre, technique de prédilection de l’artiste.

L’occasion du thème des ponts devient prétexte pour Jacques LEONARD à nous embarquer à nouveau vers des terres et presqu’îles lointaines reliées par le Pont du Diable, souvenir de ses voyages, dans des paysages imaginaires aux jetés somptueux, d’une sincérité absolue. Vastitude grandiose !

Béatrice BELLAT – Galerie Béatrice Bellat – 103 rue Lamarck – 75018 – Paris (01 42 58 37 34)