Hans Bellmer (1902-1975) est né à Katowice en Silésie. Il commence très jeune en travaillant dans une mine de charbon, puis dans une aciérie, avant de se consacrer à la peinture sous l’influence de Böcklin.
A Berlin, entre 1926 et 1932, iI rencontre Georges Grosz qui l’initie au dessin, et Walter Serner, artiste dadaïste, tout en vivant comme dessinateur publicitaire.
C’est en 1933, alors qu’il s’oppose à la montée du nazisme, qu’il se met à la   construction d’un objet totalement étrange, une poupée désarticulée aux formes érotiques, dont il explicitera plus tard :  » je voulais construire une fille artificielle, aux possibilités anatomiques capables de  » rephysiologiser » les vertiges de la passion « .
Il fabrique une seconde poupée en 1937, avec laquelle les désarticulations de l’anatomie féminine s’amplifient.
Mais il doit quitter Berlin en 1938 pour la France, où les surréalistes l’accueillent et où il fait connaissance de Max Ernst, à Aix en Provence puis du poète et écrivain Joe Bousquet.
L’ artiste reste hanté par la recherche de l’expression graphique de « l’anatomie du désir » érotique. Il  fabrique d’autres poupées, toujours sexuées, démembrées, recomposées, expressions de tous les fantasmes, qu’il met en scène et dont il fait des séries de photos. C’est avant tout pour ces photos, mais aussi pour ses dessins, gravures et gouaches à connotations érotiques et sexuelles qu’il se fait remarquer.
En 1942, la réalisation par exemple de  » Tour menthe poivrée à la mémoire des petites filles goulues », puis en 1949, les  » jeux de la poupée », ensemble de photos aquarellées accompagnées de poèmes de Paul Eluard classent l’artiste allemand, devenu français, comme artiste surréaliste.

« Les jeux de la poupée » conduisent vers un monde étrange et inquiétant qui caractérise toute l’oeuvre de Hans Bellmer par les images violentes, cruelles et très actuelles qu’elles représentent. Elle est l’oeuvre d’un artiste dont l’imagination érotique obsessionnelle se focalise sur la figure emblématique d’une poupée sexuée fabriquée de ses mains.
Les corps féminins sont démontés, désarticulés, mutilés, et monstrueusement reconstruits pour être finalement déformés, ficelés et pénétrés, comme dans une référence à Sade, à qui il dediera à la fin de sa vie, un ensemble de gravures.