Pierre-Yves Trémois, né en 1921 à Paris, est un peintre, graveur et sculpteur français

Ce qui définit l’œuvre et le caractère de Trémois, c’est le trait.

Trémois, c’est la décision du trait, qui domine la technique au point de la faire oublier. Le trait, une énigme qui a le pouvoir de créer un humain, un animal, quelle magie !
«Je dessinais avant de savoir écrire et si je sais pourquoi j’écris, je ne sais toujours pas pourquoi je dessine ». Son trait paraît si simple que cela devient ambigu. Trémois, c’est la pureté et la décision du trait, le contraste entre la rigueur du graphisme et la liberté de l’imagination.

Le trait est « contemporain ». Il n’a que 25.000 ans. Lascaux c’était hier, ce sera demain. Lascaux, le plus grand mystère de l’art, réalisé avec un silex ou un pinceau trempé dans du noir de charbon et du génie.

Le trait, défi violent et sensuel, un art qui domine la technique au point de la faire oublier, pas d’ombre, pas de couleurs, pas de sentiments, une précision diabolique, presque clinique. « Le burin m’a appris la simplicité et la simplicité est terrible », dit Trémois.

La gravure le consacre comme l’un des grands de son époque. « J’aurais aimé avoir le titre prestigieux de scribe des contours, titre réservé à certains artistes égyptiens. » La sculpture lui permet de faire la fusion entre l’homme et l’animal, entre le volume et la ligne. Une originalité de ses sculptures monumentales  :« les gisants enlacés ». Le corps, l’enlacement des corps, sont une importante partie de son œuvre gravé, peint ou sculpté. « Les corps, une irrésistible passion. Est-ce impardonnable ? Il peut y avoir de la folie dans la laideur, il peut aussi y avoir de la folie dans la beauté. . Précision, recherche du détail, pas de sentiment, pas de repentirs, une exactitude mathématique.

Peintures, gravures, dessins, noir, blanc, grisailles, où comme toujours la ligne domine. Série des « Grands Livres illustrés » avec des auteurs que Trémois a choisi délibérément d’illustrer : Montherlant, Jean Rostand, Fellini, Tournier, Claudel, Giono, Nietzsche… édités par Gallimard, Flammarion, Laffont, J. Foret, Lefebvre…

Moâ le Clown
En 1985, Pierre-Yves Trémois imagine, grave et calligraphie un livre sur les clowns. Le sujet est éloigné de son univers familier d’artiste mais sa rencontre avec Pipo, un des plus grands clowns blancs, est à l’origine de ce magnifique ouvrage. Il y intègre un texte de Fellini, « I Clowns » et une série de 17 planches gravées de sa main, à la manière d’une bande dessinée où le clown blanc et l’auguste abattent nos masques.

Trémois grimé en clown tenant une planche de son livre « Moâ le Clown » Catherine Trémois Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Pierre-Yves Trémois se lance dans l’illustration. C’est le début d’un long dialogue avec les écrivains, y compris les plus contemporains : Claudel, Jean Rostand, Monterland. « Illustrer, c’est s’illustrer », nous dit-il. Planche extraite de Moâ le Clown de Pierre-Yves Trémois, 1985

Une œuvre pluridisciplinaire : sculptures bronze poli et bronze patiné, animaux et humains, céramiques gravées dans l’argile et émaillées, objets et bijoux en or gravé.

Les violences de Trémois où se mêle parfois une certaine tendresse, pourraient définir son œuvre qui est aussi l’histoire d’une solitude. Il réalise sa course en solitaire, sans marchand de tableaux, sans galerie et n’expose que le plus rarement possible .

Parcours

École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris
Premier Grand Prix de Rome de peinture, 1943
Membre de l’Académie florentine de l’art du dessin, 1963
Membre du Comité national du Livre contemporain, 1965
Membre de l’Académie royale flamande des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1971
Membre de l’Académie des beaux-arts (Institut de France), succède à Paul Lemagny dans la section de gravure, 1978