Les vaches sont au salon, 07.03—30.04.13

technique mixte de Jean DESVILLES

Le Salon de l’Agriculture s’est déroulé du 23 février au 3 mars 2013. Créé en 1963 autour du Concours Général Agricole des Animaux, il a célébré cette année ses 50 ans, autour du concept de « l’agriculture au cœur »… au cœur des hommes… des villes… des arts… et de chacun ! Il rassemble maintenant  300 exposants qui viennent de 22 pays et plus de 4 000 animaux. Parmi les animaux les plus populaires et les plus regardés, bien sûr il y a les bovins, et parmi les bovins « la Vache ». Pour l’édition 2013, une vache de 7 ans, Aronde, avec des yeux en forme de lunettes et une robe caille à tâches blondes, représente les vaches de race Normande.

C’est  cette race normande que se sont attachés à représenter Alain GENEST, Joë FOUGERES (cf « sous les pommiers »), Maurice ESMEIN (1888 – 1918) et Jean PREVOST(cf Pâquerette). Mais pour Jean PREVOST, la vache évoque aussi bien « La Rousse » que  tout un troupeau de « vaches de Salers » ou encore  « la traite ». Et puis, que serait la vache sans quelques taureaux pour la stimuler ? Ainsi pense l’artiste qui entoure sa  « petite vache » verte, façon grotte de Lascaux, de deux taureaux pleins d’élan, dans la pure tradition fauviste.

Qu’elles soient normandes, ou d’Auvergne, seules, par deux ou en troupeau, elles inspirent également l’art numérique Fanny BOTON.  Et Juliette CHOUKROUN, sculpteuse reprend ses crayons pour la dessiner tandis qu’Odile JACENKO, peintre en décor, nous livre sa « Belle Eugénie » à la queue nattée sur sa toile montée sur contreplaqué. Les vaches ont aussi inspiré Jacques LEONARD qui en a croisé quelques-unes au cours de ses nombreux voyages, de même Héliane LECLERCQ, toujours amoureuse de la nature, ou encore Lydia SAMMARTIN, qui de son style tout en lignes nous prend au lever du jour pour nous faire découvrir son troupeau. Marceline ROBERT s’en sert pour illustrer un diplôme d’architecte et lui ajoute une cloche dorée autour du cou, pour éviter qu’elle se perde.

Corinne LE PONNER choisit des techniques  différentes  pour l’appréhender : dessin acrylique sur papier noir ou en couleur, dessin à l’encre de chine, gravure ou linogravure. Elle nous ouvre la porte d’un univers jeune et joyeux. Certaines vaches portent  un petit chapeau penché sur le côté et nous interpellent de leur œil malicieux et goguenard. D’autres nous surprennent, se détachant sur un fond turquoise ou encore rose fuchsia. Et nous ne pouvons que sourire face  au concept si bien exploité de « l’œil de bœuf ». Un tondo à l’acrylique, de la forme d’une fenêtre, portant en son centre la représentation d’un œil de bœuf.

Humour encore avec Jean DESVILLES et son tableau « La Revanche » : celle du taureau portant la muleta pour toréer  le toréador. Inversion des rôles et monde absurde de cet artiste d’inspiration surréaliste, tout comme la gravure de Cécile REIMS (cf les Métamorphoses 1957-1958 p.67 du catalogue raisonné, réf 126.3). Pour Jean-Pierre ALAUX, artiste onirique, la vache qui rit se trouve face à la jument qui rue.

Avec  ses pastels,  AME a pris le thème au pied de la lettre : ses vaches très mondaines et expressives boivent du vin, portent des boucles d’oreilles et
s’asseyent dans des fauteuils moelleux du salon de l’appartement.

La palme de l’humour revient enfin à Béatrice Le LIMANTOUR, qui par ses acryliques sur toile nous fait partager quelques tranches de vie des vaches, particulièrement de Vanille la vachette : elle et ses compagnes font des exercices d’équilibre dans le pré ou sous un chapiteau, se suspendent sur un fil à linge, prennent le train, le thé en toute « conviviali – tea », un bain de soleil, s’adonnent à la moto, peignent même en pleine nature ou sont amoureuses. Cette personnalisation des vaches propre à l’Art naïf et plein de poésie de Béatrice LE LIMANTOUR nous réserve d’agréables moments par ses couleurs et son expressivité.

Au final, la vache est un animal qui inspire beaucoup les artistes, toutes techniques confondues. Elle fait partie du paysage français, et malgré l’épidémie de la vache folle, cet animal reste très populaire et débonnaire. C’est pourquoi, la galerie a décidé de prolonger un peu le Salon de l’Agriculture au travers de ces différentes interprétations.

Béatrice BELLAT (galeriste)