Masques & Carnavals, 03.01—02.03.2013

Après les fêtes de Noël et du Nouvel An, il faut se préparer au Mardi Gras et aux différents carnavals qui ont lieu de par le Monde au mois de février. Mais les masques peuvent aussi ramener tout simplement à une réalité humaine.

Pour Juliette CHOUKROUN, nous avons tous nos états d’âme, tantôt tristes, tantôt gais et nous nous transcendons lors de certaines activités, par exemple lorsque nous chantons dans une chorale. Mais le masque nous ramène aussi au divin et aux différentes figures mythologiques (Bacchus, le Printemps ….)

Et puis il y a le monde du cirque et des masques de clowns (le clown blanc), le masque de théâtre censé représenter le personnage du rôle que les comédiens ne peuvent interpréter sans lui. Le masque devient alors l’accessoire indispensable à la distraction des autres. L’acteur en change au fur et à mesure des scènes qui se succèdent pour la plus grande surprise et l’immense plaisir du public « qui boit d’énormes rires et mange des bravos », si bien qu’à la fin, nous ne savons plus très bien qui porte un masque et qui n’en porte pas. Les arlequins font des pirouettes autour de la piste (cf Denise THONIER) tandis que d’autres répandent la quiétude et l’amour, leur guitare à leur pied (cf Charles POLLACI) ou encore enchaînent de gracieux mouvements, s’appropriant l’espace tout en souplesse. (cf Jean-Denis MAILLART).

Le masque peut faire partie du décor (cf Jean DESVILLES) comme du costume (cf Sandy GILSON, AME) ou en devenir un accessoire (cf éventail de Jacqueline REGNIER) Il peut aussi n’être qu’un jouet pour l’enfant qui se déguise (cf Santini PONCINI) ou ajouter une touche de couleur pour la coquette qui se rend à une soirée (cf Raluca VULCAN).  On peut aussi considérer le masque comme technique de « Métamorphose » pure à multiples facettes : il peut flotter dans l’espace avec une touche de surréalisme (cf Marceline ROBERT)

Le masque peut encore faire partie du décor de certaines « natures mortes » (cf Jacques LEONARD) ou prendre un aspect facétieux lors de sa rencontre étonnée et étonnante avec un visage nu : la confrontation avec la différence de l’autre, qui peut être à la fois culturelle et naturelle (cf Jean-Pierre ALAUX, Lydia SAMMARTIN).

Quant à Joë FOUGERES, DORIAN-JANON, André MARGAT, NICODI, Chantal BOURALY ou Luc GERARD, c’est au carnaval de Venise qu’ils puisent leur inspiration principale. Des élégantes guettent leur promis depuis une gondole tandis que d’autres personnages or et blancs se découpent et s’enfoncent en farandole dans la nuit noire vénitienne. D’autres s’embrassent et se rapprochent, le tout dans une atmosphère mystérieuse, voilée et romantique, nostalgique d’une époque que l’on voudrait trop retrouver.

« Venise n’est pas en Italie », chantait REGGIANI, « Venise, c’est chez n’importe qui ». Il se trouve que depuis quelques années, le carnaval vénitien a lieu aussi à l’arsenal de la Bastille à Paris. A cette occasion, Michelle Martin-KERVOT (MMK) a pris quelques photos à tirage unique qu’elle a encadrées à sa manière. Tandis que Léonor FINI fait son carnaval personnel en illustrant de personnages fantastiques « le conte de la six-cent-soixante-douzième nuit » de Hugo Von HOFMANNSTHAL.

Quant à Anne-Marie DA SILVA, forte de ses origines portugaises et passée maître dans l’Art de crocheter, elle nous propose un masque de Venise, en viscose et polyester, grandeur nature, entièrement crocheté main.

Pour BABU, le carnaval se déroule dans un Parc, à l’automne, et les personnages semblent se regarder, s’attirer puis se fuir: le flou artistique agit alors pleinement.

Au final, « Masques et carnavals » s’enchaînent et se complètent pleinement. Une danse, des chassés-croisés, des rires, des mimiques, des ors, des couleurs … un plaisir des yeux sans cesse renouvelé. Le rôle du peintre comme celui du sculpteur ne consisterait-il pas alors à figer ces instants fantasques, comme pour nous faire prendre conscience de leur beauté, sans en dévoiler leurs secrets ? Et tant pis pour ceux qui se croisent et ne se reconnaissent pas. Ils passeront peut-être à côté du bonheur.

Béatrice BELLAT, galeriste