Chaque artiste peintre a un style. Ce style se reconnaît à certains détails graphiques (traits tourmentés et anguleux de Bernard BUFFET, de CARZOU ou encore JANSEM, les yeux creux et charbonneux des femmes de Léonor FINI….) ou sujets redondants dans leurs œuvres (les hommes aux chapeaux melon de MAGRITTE, les parapluies Jean HELION, les poupées de Hans BELLMER) voire l’emploi original de couleurs (outrenoir de SOULAGES ou bleu IKB d’Yves KLEIN …)
Même si toutes ces caractéristiques contribuent à la valeur reconnue de ces artistes de grand talent, ces identifiants-là ne sont pas l’objet de la présente exposition.
« Signes d’Ecriture » signifie tout d’abord l’emploi des lettres en tant que sujet principal d’une œuvre. Dans cette mouvance, Joseph SAGE a étudié le « I », le « E », le « M » et le « N », ces quatre lettres étant intégrées dans les « points de dentelles » constitutifs de son style propre. Peut-être pourrait-on parler ici de « toiles d’araignées » dans lesquelles les lettres sont emprisonnées, au cœur d’une censure constatée par l’artiste dans certains pays du Monde où la parole et les mots ne sont pas encore libres.
Arthur AESCHBACHER et SCHEMS composent leur s collages et lacérations d’affiches et de lettres, non pas pour nous livrer des lettres ou des mots, mais surtout pour la recherche d’un esthétisme nouveau par rapport à un art plus académique aux sujets convenus.
Qu’importe le sens (direction graphique ou signification) quand il s’agit de faire partager une identité culturelle ! Les idéogrammes, peu importe qu’ils soient chinois, coréens ou japonais, nous éblouissent par l’élégance élaborée et poétique de leur tracé. De même que les calligraphies arabes d’Ahsen GUERFALLAH nous enchantent par la chaleur de leur couleur et leurs différents symboles.
Les écritures de Donna FLANDRIN et Christian RAFFIN viennent préciser l’argument de leurs œuvres et nous invitent à la réflexion. Pour Donna, artiste américaine internationale, l’observation de lune incite au rêve, et la terre, rouge comme le sang, fait circuler les énergies. Quant à Christian RAFFIN, il s’agit de montrer que chaque individu pris dans son anonymat ne peut prétendre être protégé.
Alain KIRILI, grand sculpteur post-minimaliste et abstrait, a suivi des cours de calligraphie à Paris en 1966 avec le peintre Coréen Ugno LEE. Nous présentons ici une écriture cunéiforme, sobre et à signes répétitifs. Le visiteur sera libre d’y chercher un sens caché, un décryptage secret. De même pour Aline GAGNAIRE, artiste de Montmartre, qui oriente ses recherches dès 1946 vers l’invention d’une écriture d’influence zen par ses pictogrammes mystérieux la plupart du temps en noir et blanc, exigeant concentration, vide et rapidité d’exécution. Jacques GERMAIN, peintre moderne, subit l’influence de ses différentes formations dans son écriture abstraite et construite.
Avec DRAG, nous nous rendons « rue Véronèse » Paris 13è, un clin d’œil en 8 à la Renaissance, qui n’empêche pas la guerre des Argousins contre les tagueurs, sous la haute surveillance de la caméra de cet artiste « street-art ».
Différent encore, VILLEGLE, un des piliers du mouvement des « Nouveaux Réalistes » avec ses affiches lacérées laissant apparaître des mots ou fragments de mots au hasard des déchirures, créant ainsi tout un art de l’assemblage et de l’accumulation d’éléments empruntés à la réalité quotidienne (allusion aux « ready-made » de Marcel DUCHAMP)
FISCHER, artiste franco-canadien philosophe sociologue, verse dans l’art numérique qu’il utilise pour dénoncer certains abus de société. Romanos, artiste d’origine grecque, ayant fui le régime des colonels pour la France, où elle vécut de 1961 à 1981, met en relation une dialectique de mots écrits ou imprimés avec des photographies ou autres documents, afin d’exprimer sa propre critique de la société, des œuvres d’art et de la fonction des arts.
Dans la continuité du mouvement de « l’abstraction lyrique », les œuvres de Marceline ROBERT présentées, dénotent une recherche riche en matière (feuille d’or) et ses techniques mixtes retiennent l’attention par leur énergie gestuelle sous-tendue. De même, dans l’œuvre de Dolorès LING, révélatrice de ses origines sino-autrichienne, et intermédiaire entre l’abstraction et la figuration.
La galerie vous remercie pour votre fidélité et votre intérêt et vous souhaite une bonne visite.
Béatrice BELLAT